Hackons la ville
Par Adrien Saumier le vendredi 23 décembre 2011, 10:00 - Lien permanent
Billet sous forme de compilation d'articles et de vidéo sur le "hacking" de la ville, c'est-à-dire l'action de modifier un élément pour l'améliorer ou le rendre plus compatible avec l'usage qu'on en fait. Pour mieux comprendre je vous renvoie à deux articles :
- Vive la bidouillabilité !, par votre serviteur
- Bidouillabilité : une définition, par Tristan Nitot.
À lire également, deux chroniques de Philippe Gargov :
- L'essor des parklets, dont le PARK(ing) DAY est un exemple ;
- Éloge du hacking urbain, avec louanges pour la Fabrique Hacktion, un hacking du métro ligne 13 à Paris et un parcours de santé en mobilier urbain.
Le hacking dont nous allons parler a pour but d'augmenter la ville, au niveau matériel ou au niveau logiciel, et de simplifier la vie des urbains, ou de l'améliorer.
L'application Metro, par Presslite
Outre des plans de métro, cette application permet de faire voler au-dessus des trottoirs des indications pour rejoindre la station de métro la plus proche. On connaissait déjà les plans Google Maps, là vous avez carrément les indications qui volent au-dessus de la rue. Sur votre écran bien entendu.
Vous imaginez ça sur vos lunettes ? Cela pourrait ressembler à cette publicité pour des lunettes de industries Stark, la StarkHUD 2020 (une fausse pub pour une promo virale d'Iron Man 2). Encore 8 ans à attendre, à moins que vous ne vouliez créer les vôtres (voici un mode d'emploi qui nécessite un carton et un smartphone) ou voler ce prototype
Le groupe Fabrique Hacktion
La Fabrique Hacktion a pour but d'améliorer l'usage que l'on fait de la ville et de son mobilier. Comme le dit l'introduction de son manifeste :
Fabrique / Hacktion engage une ré-appropriation des espaces publics et collectifs en installant des greffes, compléments d'objets, qui favorisent un usage, augmentent ou questionnent le mobilier urbain et les dispositifs existants.
En clair, les membres de la Fabrique complètent le mobilier urbain en ajoutant le détail oublié par les designers de JCDecaux, de la RATP, la SNCF, etc. Le hack de ces éléments est plus ou moins clandestins.
Leurs interventions vont de la rampe de récupérations de piécettes dans un automate, un porte-manteaux à coincer entre deux pierres, une dynamo avec port USB pour recharger son téléphone, et même une corbeille à tickets encore valides (valable dans les réseaux où le ticket a un temps de validité, pas un trajet)[1].
Protéger les piétons des voitures trop rapides
Apparemment, les automobilistes de Kiev roulent trop vite et renversent des piétons. Dans le but de mener une action de sensibilisation contre la vitesse automobile en Ukraine, des fantômes ont été bricolés pour émerger de la route en cas de vitesse dépassée.
Les dead-drops
Les dead-drops, ce sont des clefs USB laissées dans un coin de la ville, dans un mur par exemple, pour favoriser les échanges de manière libre et anonyme. Vous y branchez votre ordinateur, prenez ce qu'il y dans la clef, laissez quelques fichiers que vous jugez intéressants. C'est le peer-to-peer revisité et rendu artisanal, petit, discret, concret.
Selon la carte mondiale des dead-drops, on en compterait 24 à Paris, dont 3 dans le 13e arrondissement[2].
La ville est à nous !
Comme le dit cette interview dans Owni, il faut hacker la ville pour se la réappoprier :
Les petites choses qui sont faites et qui sont décalées ont ensuite un impact sur le comportement des gens et au moment où la petite amélioration disparait, ils se rendent compte que ça leur manque. Soit ils peuvent le réclamer d’eux-même, soit il peut exister une prise de conscience de la part de ceux qui créent le mobilier urbain, les trains, etc. Se dire que les hackers n’avaient pas tort c’est admettre qu’il y avait un vrai besoin derrière et que parfois quand on ne propose pas nous-mêmes un ajout à apporter, les fabricants n’en ont pas forcément l’idée. D’ici vingt ans on aura peut-être un porte-journaux dans le métro !
Une réappropriation à la portée de chacun, même sans compétences techniques. Voyez l'exemple des cadenas d'amour (comme sur la passerelle des arts à Paris), une pratique qui s'est diffusée dans le monde entier.