C'est eux contre nous #JeSuisCharlie

J'ai toujours été ennuyé par l'argument qui dit "ces terroristes, ces assassins, ce ne sont pas des musulmans, l'islam est une religion de paix". Déjà, cela veut-il dire que si l'islam appelait au meurtre il faudrait l'accepter et faire avec ? Ensuite, l'islam, comme toutes les religions, charrie son lot d'interprétations obscurantistes et belliqueuses, totalitaires et réactionnaires. Je m'en étais déjà ouvert sur ce blog au sujet de Daech.

Au nom du Christ, l'Europe a connu l'Inquisition, les guerres de religion entre catholiques et protestants, est partie faire la guerre en plusieurs croisades sanglantes, tuant y compris d'autres chrétiens à Constantinople. Pourtant on peut aussi écouter Saint François d'Assises, comme on peut écouter Marcel Lefebvre ou Ludovine de la Rochère ou l'abbé Grosjean. Au nom du prophète également, pas mal d'atrocités ont été commises au cours de l'Histoire.

\>>> S'il vous plait, lisez aussi, et avant tout, cette extraordinaire Lettre ouverte au monde musulman par Abdennour Bidar, un philosophe. Lisez aussi l'interview de l'écrivain algérien Boualem Sansal, et ce résumé d'une tribune d'intellectuels musulmans, dont le Danois Naser Khader.

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L'ennemi, ce n'est évidemment pas "le musulman", qui d'ailleurs n'existe pas car "le musulman" est avant tout une personne dans sa complexité. Non, l'ennemi, c'est le fascisme, le totalitarisme, qu'il soit rouge ou vert, qu'il se réclame d'un paradis aux 72 vierges ou d'un homme mort sur une croix. La liste serait trop longue des organisations religieuses à l'influence rétrograde ou des États qui s'appuient sur une religion pour justifier une absence de droits pour certaines catégories de la population (les femmes, les homosexuel-le-s, les coptes, les juifs, les chrétiens...).

Voilà l'ennemi, enfin un exemple, publié par USA Today, qui explique que Charlie Hebdo "connaissait les conséquences" des dessins publiés, que des musulmans placent le prophète au-dessus de tout, que le prophète a dit qu'il fallait tuer l'infidèle, et que donc certains le faisaient eux-mêmes.

Muslims consider the honor of the Prophet Muhammad to be dearer to them than that of their parents or even themselves. To defend it is considered to be an obligation upon them. The strict punishment if found guilty of this crime under sharia (Islamic law) is capital punishment implementable by an Islamic State. This is because the Messenger Muhammad said, "Whoever insults a Prophet kill him."

Le problème, c'est que cet homme, ce "spécialiste" de la charia, est aussi musulman que n'importe quel autre musulman. L'islam n'est pas un diplôme avec un règlement. Seulement, lui se considère probablement comme un meilleur musulman que quelqu'un qui vit sa foi tranquillement dans le 11e arrondissement de Paris ou la campagne varoise.

C'est un exemple des fascistes dont parle très bien Daniel Conh-Bendit dans Libération :

Il y a un islamofascisme, ça existe. Ce n’est pas l’islam, ce sont des fascistes, il ne faut pas tourner autour du pot. Comme il y a eu un fascisme venu de la civilisation occidentale, il y a un fascisme venu de la civilisation de l’islam. Il faut tenir bon maintenant. On a toujours dit: «Le fascisme ne passera pas.» C’est dur mais il faut rester clair dans sa tête et ne pas tout mélanger. Ce qui est attaqué là, c’est le droit à la critique radicale de toutes les religions. Charlie Hebdo, c’est la radicalité anticléricale, c’est pour ça qu’ils ont été tués. Notre civilisation, ce qu’on veut défendre, c’est le droit à cette radicalité.

Alors personne ne peut obliger les musulmans à se "désolidariser" de telles atrocités, ce serait comme de demander aux Nigérians de se désolidariser de Boko Haram. Il n'empêche, qu'il est réconfortant de lire que des gens qui se considèrent musulman, c'est-à-dire la même religion dont se prétendent les meurtriers, exprimer leur horreur, leur soutien fraternel (Union des mosquées de France, l'UOIF, Dalil Boubakeur...). C'est comme quand on est heureux d'entendre que tous les catholiques ne sont pas sur la ligne vaticane en ce qui concerne les droits des femmes, par exemple (j'en avais déjà parlé au sujet de l'abbé Grosjean).

Je vous conseille un article du New Yorker, où je n'ai pas à retirer un seul mot : The Blame for the Charlie Hebdo Murders. Je vous en livre deux paragraphes, mais j'aurais pu tout mettre.

They are only the latest blows delivered by an ideology that has sought to achieve power through terror for decades. It’s the same ideology that sent Salman Rushdie into hiding for a decade under a death sentence for writing a novel, then killed his Japanese translator and tried to kill his Italian translator and Norwegian publisher. The ideology that murdered three thousand people in the U.S. on September 11, 2001. The one that butchered Theo van Gogh in the streets of Amsterdam, in 2004, for making a film. The one that has brought mass rape and slaughter to the cities and deserts of Syria and Iraq. That massacred a hundred and thirty-two children and thirteen adults in a school in Peshawar last month. That regularly kills so many Nigerians, especially young ones, that hardly anyone pays attention.

These thoughts don’t offer a guide to mitigating the astonishing surge in Islamist killing around the world. Rage and condemnation don’t do the job, nor is it helpful to alienate the millions of Muslims who dislike what’s being done in the name of their religion. Many of them immediately condemned the attack on Charlie Hebdo, in tones of anguish particular to those whose deepest beliefs have been tainted. The answer always has to be careful, thoughtful, and tailored to particular circumstances. In France, it will need to include a renewed debate about how the republic can prevent more of its young Muslim citizens from giving up their minds to a murderous ideology—how more of them might come to consider Mustapha Ourrad, a Charlie Hebdo copy editor of Algerian descent who was among the victims, a hero. In other places, the responses have to be different, with higher levels of counter-violence.

Car qu'on ne s'y trompe pas, s'il y a bien un eux et un nous, ce n'est pas de l'Occident contre l'Islam dont il est question. C'est d'une lutte des libertés contre les obscurantismes. Et vis-à-vis de ce fascime, ni amalgame, ni complaisance.


Je vous livre aussi ces deux textes qui m'ont bouleversé, ces deux témoignages de départ de l'Algérie du FIS et du GIA. Ils parlent de déracinement, d'accueil, de la République, de l'école, de religion et de laïcité, de la violence inacceptable, de la mort qui rôde.

Je suis de la «génération terrorisée»

Pendant dix ans, des membres de ma famille ont dormi sur des matelas, dans un couloir, loin des fenêtres : le souffle des bombes faisait voler en éclat les fenêtres. Et puis il y eut le détournement de l’Airbus en 1994, les attentats du RER B en 1995, l’assassinat des moines de Tibhérine en 1996, les massacres de Thalit et Bentalha en 1997, le 11 Septembre 2001 à New York, l’explosion à la synagogue de Djerba en Tunisie en 2002, l’attaque à Madrid en 2004, à Londres en 2005, une voiture piégée lancée contre le Palais du gouvernement à Alger en 2007, la prise d’otages à In Amenas en 2013, des djihadistes qui depuis se sont emparés du Mont Chaambi en Tunisie…

Destin et espoirs

Mon enfance, mon éducation et ma culture musulmane me montrent du doigt la direction à suivre pour faire le bien autour de soi et essayer de devenir quelque de bon, juste et bienveillant. La France, l’École Républicaine m’ont permis de tracer une route, ma route, pour parvenir à cette destination. Ce chemin est long, le combat contre soi-même quotidien.


On se voit dimanche ?

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