Depuis 2002, la négation des problématiques de sécurité n'est plus unanime à gauche, même chez les écolos. Qu'on parle de "sentiment" d'insécurité, de sûreté ou de prévention, il semblerait qu'on soit sorti de la dichotomie débile qui opposait "répression / prévention". Chez EELV, l'apport de Stéphane Gatignon, maire de Sevran, est important. Surtout quand il parle de la légalisation du cannabis. N'oublions pas néanmoins le travail de fond qu'Émilie Thérouin, élue amiènoise chargée de la sécurité et confrontée à des situations difficiles, mène depuis plusieurs années par la pratique et la réflexion avec la commission justice.
Hasard du calendrier, chacun a eu droit à un quotidien en 2 jours.
- Associons les communes à la politique de sécurité, tribune d'Émilie Thérouin sur la nécessité de changer les rapports entre l'État et les collectivités locales sur les questions de sécurité, en prenant en compte les acteurs privés (qu'on le veuille ou non, ils existent et sont amenés à être de plus en plus présents).
- Pour Gatignon, la police doit «quadriller le territoire», un entretien avec Le Figaro qui revient sur les propos de la sénatrice socialiste de Marseille qui appelait à l'armée dans les quartiers. Le maire de Sevran, lui, avait évoqué un besoin de "casques bleus". Il en profite pour revenir sur le besoin d'aller plus loin que la simple réponse répressive, par exemple en reprenant le contrôle du commerce des drogues, gros pourvoyeur de fonds pour les malfrats.
Il devient difficile de nous accuser de manque de pragmatisme.
Aujourd'hui, le maire écologiste de Sevran comprend le désarroi des élus et des habitants devant le déchaînement de violences. «Nous sommes face à une situation insoluble. Il y a un véritable ras-le-bol dont il faut pouvoir sortir mais qui nous échappe, explique-t-il. Nous sommes dans une situation où la politique doit prendre en compte l'état réel de la société. Il faut casser les trafics, de drogues notamment, qui génèrent des sommes d'argent considérables. J'avais demandé l'envoi de Casque bleus, qui est une force d'interposition, et non une armée qui viendrait faire la guerre dans les quartiers. La seule solution pour calmer de telles situations, c'est une présence policière qui quadrille le territoire. La sécurité est à ce prix, ce qui n'empêche pas de devoir régler profondément les problèmes avec des réponses non plus seulement sécuritaires.» (Stéphane Gatignon, in Le Figaro)
S'il n'est pas question de faire des maires des shérifs ou d'opter pour une décentralisation de la sécurité, il s'agit d'orienter l'action publique en fonction des besoins des habitants et de se reposer sur des innovations locales. Ainsi, les priorités pourraient être convenues entre les communes, le parquet et les chefs de service de police ou de gendarmerie. Grâce aux nouvelles stratégies territoriales, les politiques publiques concourraient à prévenir toutes les formes de délinquance, en réconciliant prévention, dissuasion, sanction et réinsertion. Aussi, bâtissons un vrai service public de médiation. (Émilie Thérouin, in Le Monde)